L’Industrie de l’Oppression et des Crimes contre les Femmes Iraniennes
L’application des règles obligatoires du hijab coûte au gouvernement iranien entre 40 et 45 trillions de Tomans par an, selon les estimations d’Iran Open Data (environ 8,1 à 9,1 millions de dollars, à un taux de change de 49 100 Tomans/$1).
Ce montant est équivalent au revenu mensuel actuel de 6 à 7 millions d’individus s’ils gagnent unsalaire minimum. Selon le Conseil Suprême du Travail, le salaire minimum pour 31 jours de travail est fixé à 5 485 000 Tomans (112 $). Pour les individus ayant des personnes à charge, le revenu minimum, en fonction du nombre de leurs enfants, est de 8 millions de Tomans (163 $) au mieux.
Le coût de l’application des lois sur le hijab obligatoire est subventionné par les contribuables iraniens de deux manières.
Premièrement, il existe des coûts indirects, dans le cadre desquels le gouvernement, au nom du peuple, consacre une partie des ressources financières — telles que les revenus du pétrole et les recettes fiscales — à l’application du hijab obligatoire. Selon les estimations d’Iran Open Data, dans le budget actuel de l’année 1402, ce montant s’élève à environ 9 000 milliards de tomans (soit environ 183 millions de dollars).

Il existe également des coûts directs. Les femmes et les enfants iraniens doivent acheter des vêtements spécifiques, tels que des manteaux et des couvre-chefs. Selon les estimations moyennes, ces dépenses s’élèvent à plus de 36 000 milliards de tomans (soit environ 730,9 millions de dollars) par an.
Partie 1 : Estimation des coûts indirects
La loi de finances annuelle ne mentionne pas explicitement le terme « hijab et modestie ». Cependant, d’importantes sommes sont manifestement allouées chaque année par les institutions et les organismes gouvernementaux à la promotion, la publicité et l’application du port obligatoire du hijab.
Dans la résolution de la séance n°820 du Conseil suprême de la révolution culturelle, datée du 3 septembre 2019, quatre missions ont été définies pour toutes les agences exécutives, institutions publiques, organismes gouvernementaux et unités bénéficiant de fonds publics :
- Superviser le respect du hijab et de la modestie
- Réformer et définir des règlements et directives pour prévenir le « mauvais hijab »
- Sensibiliser aux bienfaits de la modestie et du hijab
- Créer un environnement de travail adapté pour les femmes
En général, les coûts liés à l’embauche de superviseurs du hijab, à la rédaction de directives, à la publicité et à la création d’un « environnement de travail adapté » pour les femmes sont financés par les ressources publiques.
Si l’on suppose que les organismes publics, les banques et les institutions affiliées au gouvernement consacrent un millième de leurs dépenses pour satisfaire les exigences du Conseil suprême de la révolution culturelle en matière de hijab, alors le budget total dépensé pour le hijab cette année s’élèverait à plus de 5 000 milliards de tomans (environ 101,4 millions de dollars).
Mais ce n’est pas tout. Dans la même résolution, des responsabilités spécifiques ont été définies pour 27 organisations exécutives financées par des fonds publics.
Dans le projet de budget actuel de l’année 1402, le total des crédits alloués aux dépenses opérationnelles de ces organisations, mentionnées dans le tableau 7, s’élève à plus de 747 000 milliards de tomans (15,1 milliards de dollars).
Aucune mention des dépenses liées à la mise en œuvre des réglementations sur le hijab et la modestie n’apparaît dans le budget. Cependant, nous avons tenté d’estimer ces dépenses en définissant trois scénarios prudents qui fournissent une approximation.
Ces 27 départements exécutifs sont répartis en quatre grandes catégories :
- Départements de publicité et culture
- Départements scientifiques et éducatifs
- Départements exécutifs
- Départements de soutien
Dans le premier scénario, très optimiste, nous avons supposé qu’un montant équivalent à 1 % du budget actuel des institutions publicitaires, en plus du budget des agences chargées de l’application de la loi, et un millième du budget des institutions éducatives, exécutives et de services, serait alloué à la mise en œuvre de la résolution du Conseil suprême de la révolution culturelle. Dans ce cas, le coût total de la mise en œuvre du hijab obligatoire et de la modestie serait d’environ 1,566 trillion de tomans (31,7 millions de dollars).
Dans le deuxième scénario, nous avons supposé que 5 % du budget actuel des institutions publicitaires, 2 % du budget des agences chargées de l’application de la loi, et un centième du budget actuel des institutions éducatives, exécutives et de services seraient consacrés à la mise en œuvre du hijab obligatoire et de la modestie. Dans ce cas, le coût estimé pour que ces institutions satisfassent aux exigences du Conseil suprême de la révolution culturelle serait de plus de 3,8 trillions de tomans (77 millions de dollars).
Dans le troisième scénario, nous avons supposé que 10 % du budget actuel des institutions publicitaires, 5 % du budget des agences chargées de l’application de la loi, et un deux-centième du budget actuel des institutions éducatives, exécutives et de services seraient alloués à cette fin. Dans ce cas, le budget des 27 institutions pour appliquer les exigences du hijab et de la modestie atteindrait environ 8,946 trillions de tomans (181,4 millions de dollars).
Partie 2 : Estimation du coût de l’imposition du hijab obligatoire
Dans la deuxième partie, nous tentons d’estimer le coût de l’imposition du hijab obligatoire aux familles iraniennes en utilisant des estimations de couverture minimale.
En nous basant sur les différents types de code vestimentaire acceptables dans les écoles, les bureaux administratifs et les lieux publics, les hypothèses suivantes ont été faites, en tenant compte des prix médians du marché en avril 2023 et des estimations de population du Centre statistique de l’Iran :
- Toutes les femmes âgées de plus de 7 ans (environ 36 714 000 femmes) achètent chaque année deux manteaux au prix moyen supposé de 250 000 tomans (5 $), et deux manteaux au prix moyen de 95 000 tomans (1,93 $).
- Toutes les femmes âgées de plus de 15 ans (environ 31 841 000 femmes) achètent chaque année quatre ensembles de châles et foulards au prix moyen supposé de 70 000 tomans (1,40 $).
- 10 % des femmes âgées de plus de 15 ans (3 184 000 femmes) portent volontairement ou de manière obligatoire un chador dans certains espaces administratifs et lieux publics, en achetant chaque année deux chadors au prix moyen supposé de 700 000 tomans (14,23 $).
Le coût de l’imposition du hijab obligatoire aux femmes iraniennes s’élève à plus de 35 000 milliards de tomans iraniens (711 millions de dollars) par an. C’est un coût qui pourrait autrement être dépensé pour des affaires discrétionnaires, comme des vêtements correspondant aux goûts et préférences individuels.
Le coût direct de 35 000 milliards de tomans (711 millions de dollars) et le coût indirect total de 45 000 milliards de tomans (9,1 millions de dollars) pour l’application du hijab obligatoire représentent un chiffre important par rapport à l’économie iranienne. Il a le potentiel de transformer les individus en fervents défenseurs du hijab obligatoire en Iran. Les institutions publiques, les inspecteurs, les fonctionnaires, ainsi que ceux qui importent, vendent et produisent des biens liés au hijab et dont le travail et les moyens de subsistance dépendent du hijab obligatoire, seront assurément influencés par cette somme considérable.
Source: Iran Open Data